Le lent naufrage du trentenaire

A trente ans, tu te demandes ce que sont devenus tes copains de promo. Evidemment, ils ne deviennent rien. La plupart s’est laissée se décomposer dans la vie de famille et le salariat. Ils ont rempli leur destinée : Venir grossir les rangs des cadres moyens. Seulement chez eux, moyen ne se limite plus à une catégorie, mais devient un état d’esprit. Moyens, ils le sont dans tout : Moyennement gentils, c’est-à-dire bien élevés mais capables des pires vilenies pour évoluer professionnellement. Moyennement intelligents, en perdant toute capacité de raisonnement dans la routine et les pleurs de leurs enfants. Et moyennement engagés, car ils aspirent au progrès social mais veulent surtout éviter le bordel. Ils passeront donc leur vie à préparer, avec application, leur retraite comme un croyant qui préparerait son au-delà.

Dès l’obtention de leur premier CDI, la course effrénée à l’époux/épouse idéal pouvait commencer. Il faut signer son acte de mariage le plus vite possible, dernière brique à l’établissement définitif d’une vie paisible ; étrange empressement à achever sa vie avant de l’avoir commencé. Le dernier bastion de résistance à cette vie « saine » sombrera dans l’alcool et les putes, parce que maintenant qu’on en a les moyens, pourquoi s’en priver ? Étrange empressement à se jeter dans la fange car incapable de se construire une liberté.

A la moitié de leur vie active, ils ont déjà balisé leur chemin jusqu’au tombeau. Entre-temps, ils attendront : la fin de leur crédit immobilier, la fin de la scolarité des enfants, la fin de carrière. Tout cela se passera dans le calme absolu, sans accrocs, suivant un scénario écrit d’avance.

Désintellectualisons nos révoltes !

Les mouvements populaires sont spontanés et bêtes, et c’est leur plus grande force. Appeler à la rescousse les intellectuels, ce n’est rien d’autre que se tirer une balle dans le pied, foncer tête baissée vers le mur de la parlote inutile, se jeter allègrement dans les sables mouvants des théories castratrices. Car les intellectuels, comme les vautours, ne sont que le signe précurseur que la fin est proche ; ils se réunissent autour du cadavre en bavant leur vain savoir. En vérité, ce n’est pas le peuple révolté qui manque d’esprit, c’est l’intellectuel qui manque de vitalité, qui prétend refaire le monde à l’aide de ses petits bras alors que la vague populaire ne demande qu’une chose : Tout submerger.

On ne peut être à la fois intellectuel et vigoureux, un corps frêle ne peut à la fois porter une grosse tête et courir comme un lièvre, c’est cela la loi de la nature, son suprême fascisme. Mais l’intellectuel est rusé, comme tout être vivant incapable de se défendre : Il se prétend indispensable, scrute le moindre événement pour sortir de son trou, se ramène avec son barda de pensées, de livres, de rapports … Traîne avec lui son troupeau dans des conférences, des tables rondes, de Think-tanks… Infecté comme il est de comitardite comme disait Charles Benoist.

Et d’où tire-t-il sa condescendance ? Des livres, ce plaisir de bourgeoises oisives, cet échec du génie humain qui ne jurait que par la transmission orale gnostique, hiérarchisée et verticale. Et puis cette soudaine envie de tout penser qui le prend comme une démangeaison, comme s’il n’y’avait pas assez de pensées comme ça, poussiéreuses et entassées dans les universités et les bibliothéques. Mais de la sagesse, il n’y’en a que dans les deux extrêmes : Le mouvement frénétique ou le silence absolu ; Comme dans l’univers il n’y’a qu’énergie ou vide.

La gloutonnerie intellectuelle de livres ne provoque souvent qu’une indigestion puis une diarrhée verbale. Alors que porter ses idées comme on porterait une maladie, les disséquer dans la solitude de la nuit avec honte et humilité, puis travailler toute la journée à forger son corps et à creuser les sillons de son âme pour y’laisser pénétrer la vie, voilà l’ambition de tout homme révolté. Et son corps sain doit fuir l’intellectuel comme on fuirait la peste, car comme disait Carl Gustav Carus : « Si l’on pouvait enseigner la géographie au pigeon voyageur, du coup son vol inconscient, qui va droit au but, serait chose impossible ».

Nation de portiers du Sheraton

Alors que Napoléon avait affublé ses ennemis anglais du surnom méprisant de « Nation de boutiquiers », je me demandais quel surnom siérait le mieux à notre belle nation. Chaleureux et accueillants aux yeux de nos dix millions de touristes, capable de ramper pour renflouer nos caisses en devises, peuple serpillère à volonté pourvu qu’on plaise à nos visiteurs ; qu’est-ce que le peuple marocain si ce n’est une nation de portiers du Sheraton.

Hourra ! Nous avons enfin trouvé notre place dans le concert des nations : Amuseurs d’occidentaux, des clowns venant au chevet d’un occident vieillissant et fatigué pour apaiser ses vieux jours, maison de retraite fait pays ; ou encore défouloir d’orientaux sexuellement frustrés et indécemment riches. Quel privilège de se retrouver au croisement de l’orient et de l’occident, de leur soutirer des sous comme de vulgaires canailles, alors que ces deux mondes sont en train de s’affronter pour la domination du globe. Le vainqueur de cette guerre daignera peut-être nous raser la tête, comme ces prostitués qui couchaient avec les allemands à la libération.

Les grandes nations se suffisent à elles-mêmes, et n’ont pas besoin du jugement d’un étranger pour flatter leur égo. Un turc ou un russe ne t’accueillera jamais avec un sourire béat ; il te fait le privilège de t’ouvrir son pays, de te dévoiler son patrimoine, l’essence de son être. Il te regarde froidement, l’air de dire : « Efface ton rictus et couvre ton chef, ci-gît une civilisation qui a changé la face du monde. »

Mais nous sommes tous fiers d’avoir fait de notre pays un Jemaa el-Fna géant, avec le peuple marocain en guise de singes, et surtout qu’on leur mette des couches, Cop22 oblige.

Voyage au bout du monde bourgeois

Voilà deux ans que je survis dans ce taudis, deux ans à essayer de défendre les derniers retranchements de sainteté de mon âme contre la conjuration d’imbéciles la plus sournoise jamais conçue. Une incroyable cristallisation de tout ce qu’il y’a de puant dans notre époque ; moi qui voulais observer l’ennemi de près, je suis servi. Car l’ennemi, l’ayant préalablement connu dans la littérature, je ne l’imaginai pas aussi lâche et fatale, je me disais : Trop infect pour être vrai ! Mais oui, il existe ! Dieu créa le diable, puis la femme, puis, ayant doué l’homme de raison, il s’est dit que ça serait trop facile pour lui d’outrepasser ses difficultés, alors il fit sa créature la plus ignoble : Le bourgeois. Ô être humain, ne crains pas l’ennemi qui est devant toi, ni celui derrière toi, ni celui à tes côtés, crains le pire : Toi-même avec l’âme corrompue par le matérialisme.

Pourtant, j’étais prévenu : A quoi bon lire Marx, Jünger ou Bloy si c’est pour me jeter dans la gueule du loup un CDI dans une main et un lubrifiant anal dans l’autre. Toi qui entre au marché de l’emploi, abandonne toute espérance. Mais j’étais loin de m’imaginer ce qui allait suivre : Une telle concentration d’esprit bourgeois que ton âme étouffe dans les deux secondes qui suivent ta prise de poste ; du zyklon B puissance mille. Et pourtant, j’ai survécu deux ans, deux ans d’une mort mécanique, méthodique, à petit feu de cheminée (La cheminée étant l’ultime rêve bourgeois, car il craint le froid autant que l’intelligence, c’est dans ses gènes).

Pour me réconforter, je me disais que cela me permettra d’étudier cette espèce de plus près, de la disséquer, de lui trouver un antidote. Que dalle ! Cette créature est increvable. L’être d’un bourgeois est de persévérer dans sa médiocrité, toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus con. Le bourgeois ne voit jamais plus loin que le bout de son portefeuille, portefeuille qui, plus il est gonflé, plus l’égo de son propriétaire l’est aussi. Ne jamais se poser de question existentielle, ne jamais traiter de sujet important, ne jamais réfléchir, ne jamais s’interroger, ne jamais enquêter ; parler de fringues, de voitures et de restos le plus longtemps possible. Chaque sujet dérisoire prend des proportions astronomiques ; réunion au sommet pour traiter de la marque de culotte de ton chien ; l’ONU des pouffes ; le G7 des coincés de la bite.

J’ai toujours eu du respect pour les dirigeants d’entreprises, ça doit être fatigant de diriger un tel troupeau de bêtes, heureusement qu’il y’a les chiens, les caporaux, le middle-management, un middle finger grandeur nature dans ta face. Le capitalisme est mort depuis que l’entreprise s’est transformée de machine à faire du fric à machine à flatter les égos. Mais laissez-moi vous dire une autre vérité : Qu’est-ce qui est pire qu’un bourgeois cadre-sup ? Une bourgeoise cadre-sup. Leur façon de manager n’obéit qu’à une seule règle : Leur cycle hormonale. Leur degré d’hystérie est inversement proportionnel à la taille de la bite de leur partenaire. Moins tu baises, plus tu montes en hiérarchie.

Le bourgeois atteint l’orgasme quand il devient le grand chef de la petite gare, le petit grand homme dans le rond, l’homme de taille moyenne parmi les nains. La bourgeoise atteint l’orgasme quand elle devient si puissante en entreprise que son mari n’arrive plus à bander, alors il se tape sa femme de ménage, et elle déprime.

Internet, notre nouveau donneur de leçon

Un policier vulgaire, un instituteur cynique, un homme dragueur … Tout ce qui serait passé pour la plus banale des vérités, presque un pléonasme, il y’a quelques années de cela, est maintenant pourchassé par le plus intolérant des juges : L’internaute. Il publie, il commente, il invective, du haut de sa toute puissante posture de surfeur sur la toile, c’est-à-dire branleur, armé de son glaive-clavier et de son impartialité-oisiveté, il prononce les sentences avec la légèreté de quelqu’un qui publie ses photos de vacances sur Facebook. La démocratie, ce n’est plus la dictature de la majorité, c’est la dictature du connecté.

Le télécran, cette invention Orwellienne qui se glisse dans votre intimité la plus enfouie pour vérifier si vous ne vous écartez pas de la ligne de conduite du parti, s’appelle le Smartphone. Ce cher Orwell qui, comme Nietzsche, a souffert dans sa chair les tares d’une société un siècle à l’avance, s’est une fois de plus révélé prophète ; Big Brother, ce n’est pas Staline, c’est ton voisin. Internet s’est transformé, en quelques années, d’un espace de liberté à  un haut lieu de panurgisme, de dictature de la masse ; Chassez le totalitarisme, il revient sur vos écrans.

Seulement voilà, le juge prend le temps d’examiner les faits, l’internaute ramène tout à son idéal, à la haute idée qu’il se fait de la justice. Internet c’est notre meilleur des mondes, notre surmoi à tous, ou notre sursociété. Désormais, votre salle à manger, votre chambre à coucher, même vos toilettes sont des lieux exposés au grand public, ne prenez donc jamais trop vos aises, la horde cybernétique vous traque.

Le foot pris en otage par le gauchisme

S’il est admis que le peuple ne sait pas ce qu’il veut, la bourgeoisie gauchiste qui parle en son nom, quant-à-elle, a un dessein bien spécifique : Noyer toute initiative, tout désir de sublime et de grandiose dans un flot de slogans et de discours enflammés. « Le peuple n’a pas besoin de stades, il a besoin de manger, d’étudier, de se soigner … » Bref, ce genre de revendications égalitaristes qui ne font en somme que paralyser la nation dans de prétendues « priorités » qui n’en finissent plus ; à quel nombre d’écoles, d’hôpitaux ou de routes peut-on dire qu’on a réussi et qu’on peut passer à autre chose ? A jamais. Le gauchiste est en état de bovarysme constant, plus obnubilé par son statut de contestataire que par l’analyse froide et pragmatique des faits.

Ces nouvelles formes de jacqueries, romancées par le marxisme et son idolâtrie du peuple, sont le revers, ou l’accomplissement, de la démocratie ; car oui, le Brésil est une authentique démocratie. Même que Dilma Rousseff, ancienne résistante à la dictature militaire, a été à la pointe de ces idées marxistes avant de découvrir, une fois au pouvoir, qu’on ne gérait pas une puissance régionale comme on gère une churrascaria. Le Brésil est un pays grand, riche et démocratique, que demande de plus le peuple ? De continuer à vendre de la drogue tranquillement. Car, le fond de l’affaire n’est pas les trois quatre petits bobos paumés, mais bien la pacification Manu Militari des favelas avant le mondial, privant une bonne partie des habitants de ces favelas d’un revenu régulier et confortable.

De plus, entre le foot et le gauchisme, c’est bien le foot l’innocent dans l’affaire. Dans combien d’autres domaines des fils du peuple peuvent-ils, par le talent et le travail, devenir des milliardaires ? Le foot est incontestablement un sport du peuple, le seul qui peut leur enseigner ce qu’est le sacrifice, le courage, la persévérance, et un sens de l’esthétique. Il n’y’a que sur un terrain de foot que l’intellectualisme naïf baisse les armes devant la volonté de gagner.

La presse a horreur du vide

Je fais suite à ce billet publié précédemment : https://cyranodemontcuq.wordpress.com/2012/09/27/labrutissement-par-lactualite/. Je vous laisse le choix de lire un puis l’autre, un à côté de l’autre, un sur l’autre, ou en position 69, c’est à votre convenance.

“ La mission de la presse, c’est de rendre l’information accessible au plus grand nombre” phrase toute faite du dernier journaleux qui te balance cette banalité crasse en s’imaginant tout de suite guerrier de la vérité. Une rhétorique d’ailleurs peu étonnante, puisque le cœur du métier du journaliste est de faire accorder des poncifs pour que ça ait l’air d’un texte ; à tel point que si on programmait cela sur un logiciel, il suffirait alors de rentrer deux ou trois informations pour générer automatiquement du texte. Production industrielle pour production industrielle, pourquoi ne pas les mettre au chômage et carrément délocaliser en Chine.

Oui, mais si la majorité des gens veut ça, pourquoi l’en priver ? Il ne nous restera donc plus que de se prosterner devant la sainte démocratie qui nous rendra tous heureux. Pourtant, plaire à la majorité, c’est exactement cela qu’on leur reproche. “ Panem et circenses ” disaient les romains, pas si fous finalement, car ils prenaient la plèbe pour ce qu’ils sont, sans humanisme ni empathie. Entre rechercher les faveurs de la masse ou la grandeur de Rome, leur choix a été vite fait. Servez des combats de gladiateurs à la masse, qu’ils disaient, car la masse adore ça, voir deux hommes s’entretuer c’est distrayant et ça les rend joyeux. Au temps de Rome, les journalistes auraient sûrement écrit de grands articles de commentaires sur les combats de gladiateurs, pour écouler leur stock de journaux ou cumuler les cliques.

Mais au-delà de plaire au plus grand nombre de consommateurs d’informations (Car c’est bien ce qu’ils sont), la presse a besoin d’événements pour créer de l’actualité, sauf que les événements, ils y’en a très peu et pas toujours intéressants. Et que fait un affamé quand il n’a plus rien à bouffer ? Il cherche dans les poubelles. Surtout que maintenant l’information doit être instantanée, omniprésente, continuellement renouvelée, à un moment, la presse commence à broyer du vide. La machine produit alors des événements à partir de non-événements. Elle devient vulgaire, insignifiante, plate ; mais peu importe, tant que ça plaît à la masse.

L’actualité est un monstre de déchet qui nous bouffe tous le crâne, et tu ne peux même pas le fuir, car ne pas prendre de position dans le conflit israélo-palestinien, dont au fond tu te branles royalement, te fera passer pour un ringard acculturé replié sur lui-même. Donc du coup tu reprends les mêmes poncifs médiatiques dont on t’a gavé : Les palestiniens sont gentils, les israéliens sont méchants, il faut respecter les droits le l’Homme, blablabla. La surinformation est l’asphyxie de la pensée.

Je t’aime, Mayssa

La voilà la réactionnaire, la voilà l’obscurantiste, la voilà la bête immonde … La Fatwa numérique des progressistes est tombée comme un couperet : Au nom de la liberté, ôtez à cette femme sa liberté de parole ! Et comme souvent est le cas pour les esprits prétendument indépendants, ils chassent en meute. Les fondamentalistes de la bienpensance ne supportent pas que la réflexion, l’humour, la provocation migrent vers l’autre camp ; l’idée que leur fusil d’épaule puisse être retourné contre eux les angoisse.

Seulement voilà, la réaction épidermique, l’indignation automatique, l’invective à fleur de peau est le propre des esprits endoctrinés, non par la religion de l’islam propre à nos ancêtres, mais par la religion du progrès propre à tous les régimes totalitaires du XX ème siècle (Nazisme, Fascisme, Communisme …). Sous l’air bienveillant du militant se cache toujours l’air paternaliste du dictateur.

Mais qu’a-t-elle fait cette petite femme, au visage doux et sensible ? Mayssa est malgré elle une cristallisation, cristallisation de tout ce que le progressiste abjure : Le traditionalisme assumé, la rigueur religieuse, l’antimodernisme avoué … on lui reproche de ne pas être hypocrite en somme. Et puis, comment ne pas aimer la laïcité, la libération sexuelle, le féminisme ; c’est l’évidence même. Faut-il rappeler que pour un Homme du quinzième siècle, l’infériorité du noir était une évidence ?

On l’accuse aussi d’être, attention à vos yeux, rien moins que “ L’égérie des milieux conservateurs “. Il faudrait qu’on m’explique ce qu’est un milieu conservateur, un tea party à la marocaine ? Un  Think Tank genre PNAC qui fait du lobbying ? Ce que je vois dans cette société qui est la notre, c’est une dizaine de professionnels de l’indignation qui sautent comme des cabris à la moindre cause qui se vaut ou ne se vaut pas, quelques contradicteurs qu’on rejette comme des lépreux dans “ les cercles branchés “, et puis 99  % du peuple qui n’en a rien à foutre de ces débats de salon.

Finalement, qu’est-ce qu’un conservateur ? Un conservateur n’est pas celui qui n’aime pas le progrès, un conservateur c’est celui que les progressistes n’aiment pas. Courage Madame Mayssa, vous êtes sur le droit chemin.

De la correcte utilisation des armes chimiques

Un nouveau scandale émeut l’opinion publique après que cette dernière, toute amnésique qu’elle est, commençait à oublier qu’une guerre se déroulait en Syrie : Bachar El-Assad aurait utilisé l’arme chimique. Oh ! Et cela, sous les yeux des tarlouzes de l’ONU qui venaient justement enquêter sur l’utilisation des ces armes prohibées ; un peu comme si vous vous promeniez nu en Arabie Saoudite et que vous vous étonnez que ces derniers veulent vous lapider. Parce que dans l’imaginaire des gens, une arme chimique ou biologique, c’est des virus dangereux qui transforment les êtres humains en zombies. En vérité, ces armes sont beaucoup moins efficaces ou abominables qu’on l’imagine : Déjà les armes chimiques sont des armes tactiques, ce qui veut dire que leur utilisation est limitée à une phase d’une opération militaire, soit débusquer des ennemis retranchés pour ensuite les arroser à la sulfateuse, soit ouvrir une brèche dans les lignes de défense pour l’investir. Ni l’un ni l’autre ne fût l’objectif du président syrien, l’intérêt de ce dernier étant bien sûr de tuer des enfants plus que de gagner la guerre.

Et puis, il ne l’utilise pas dans les bastions des ennemis, à Homs par exemple ou Hama, mais dans la banlieue de Damas, un territoire que ces adversaires ont du mal à pénétrer. La question que se poserait n’importe quelle personne douée d’un tant soit peu d’intelligence, ça veut dire pas les journalistes, c’est quel intérêt d’utiliser cette arme dans une guerre de position où les lignes sont tellement proches que les soldats des deux camps se disent bonjour avant de se mitrailler ; les soldats de l’armée syrienne seraient aussi exposés à ces gaz que leurs cibles. Et franchement, qui recoure le plus à la “ sale guerre “, est-ce l’armée régulière qui combat pour des gens qu’ils connaissent personnellement, ou est-ce des jihadistes venus des quatre coins de la terre pour se faire exploser dans des lieux bondés de civils ?

On soupçonne donc le diable désigné Bachar d’utiliser le gaz Sarin ? Un gaz qui s’est surtout fait connaître avec son utilisation par la secte Aum Shinrikyō dans le métro de Tokyo. Bilan : 13 morts dans un métro bourré de monde ; une bien piètre prestation en somme. Notons aussi que les armes chimiques et biologiques, même Hitler ne les a pas utilisé, ne voulant pas faire subir à ses soldats ce qu’il a lui-même subi dans les tranchées durant la grande guerre ; un grand coeur comme seul les américains n’ont pas, eux qui ont balancé tous les produits chimiques imaginables sur les têtes des vietnamiens quelques décennies plus tard. Ces mêmes salops d’américains arriveront à convaincre le monde d’attaquer l’Irak, et ce dans une mythique séance du conseil de sécurité durant laquelle Colin Powwel brandira un flacon d’urine qu’il fera passer pour des substances chimiques. Kadhafi aussi possédait un arsenal d’armes chimiques, des armes qu’il n’a pas voulu utiliser dans son projet  “ génocidaire “ visant les protestataires de Benghazi, préférant à cela d’envoyer depuis Tripoli une colonne de blindés à 12km/h, colonne qui se fera arrêter in-extermis par les avions de chasse de l’Otan sous les ordres de Bernard-Henri Levy ; on m’aurait dit que Tom Cruise pilotait un de ces avions que ça ne m’aurait pas étonné. Il reste le précédant de l’utilisation de Saddam de ces gaz sur les civils kurdes, mais dans un contexte de conflit Iran/Irak, l’utilisation de l’arme chimique était de loin la chose la moins cruelle de cette guerre d’extermination.

Et dire que tout ce scandale vient des dépêches fabriquées dans les bureaux climatisés des agences de presse ; repris par des journalistes qui, pour la plupart, viennent récemment de découvrir que les bougnoules du moyen orient vivaient aussi dans des villes ; et commentées par la horde de facebookiens et twittos à l’affût d’actualité pour tromper leur ennui.

Malala, pute des américains

Comprenant avant tout le monde que l’opinion publique était composée de téléspectateurs simplets et émotifs, les américains ont décidé de faire non plus de la com’, mais de la mise en scène avec des justiciers (eux bien évidemment), des effets spéciaux, le violon en fond sonore … Tout pour vous arracher une larme, et ce avant même d’entamer votre enculade. Non, les américains ne vous manipulent pas, pour être manipulé il faudrait déjà être capable de réfléchir, ils vous donnent ce que vous cherchez : Des sensations, des rebondissements, du fun ; et même pas besoin de payer le ticket, votre stupidité est tellement précieuse.

L’utilisation massive des drones remise en question ? La guerre américaine en Pakistan, pays en principe souverain, ne paie pas ? Et hop, une petite picouse d’émotivité. Mais cette fois, je l’avoue, ils ont fait fort : Jeune fille, frimousse angélique, et qui veut aller à l’école, restait plus qu’elle soit lesbienne et le compte était bon. Elle s’appelle Malala Yousafzai, même le prénom est facile à retenir, on n’attend plus que les produits dérivés : Tee-shirt à son effigie, sous-tasses, journées mondiales de Malala… Ah, j’oubliais, ça c’est déjà fait. La pauvre petite, Al-Qaida veut la tuer, soit l’organisation qui est en guerre sur quatre continents s’intéresse à cette jeune pucelle qui n’a rien demandé de plus qu’une éducation, c’est trop beau.

Et non, Al-Qaida n’a pas pris le contrôle de Waziristan, c’est même le contraire qui se passe si j’ose dire. Les Pachtounes du Waziristan sont un peuple de nature belliqueuse et ingouvernable, les anglais s’y sont cassés les dents il y’a déjà quatre-vingt dix ans, soit avant même que Ben Laden vienne au monde ; la guerre ne mène à rien avec ces gens-là, ils y sont habitués, c’est leur quotidien. Et à la diplomatie américaine, en manque de légitimité, de reprendre les mêmes poncifs que ceux de la guerre d’Irak : Les enfants qui meurent, les méchants dirigeants, on doit intervenir pour rétablir la paix et le bonheur.

Parce que, du moins aux yeux du téléspectateur moyen, un enfant qui meurt sous les bombardements des drones a moins d’importance que Malala ; le premier ne passe pas à la télé, il a la dignité de mourir en silence puis de rejoindre un sol abreuvé de martyrs. Malala a même poussé l’abjection jusqu’à aller prononcer un discours devant les Nations-Unis, ceux qui tuent ses frères et soeurs : Elle a prêché le droit à l’éducation, l’égalité entre sexes, l’amour pour tous les enfants ; de l’amour livré par drone je suppose.